Le breaking pour enflammer la place de la concorde

Nico Par Nico

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Ce vendredi et samedi, la place de la Concorde à Paris sera le théâtre d'un événement historique : l'entrée du breaking aux Jeux olympiques. Ce sport, né dans les rues du Bronx à New York et incarnant une culture riche et rebelle, fait une apparition remarquée dans la famille olympique, concluant en beauté deux semaines intenses au cœur du parc urbain. Si l'événement promet d'être spectaculaire, il pourrait bien être unique, car Los Angeles 2028 a choisi de ne pas inclure le breaking dans son programme.

Un mariage inattendu entre art urbain et olympisme

La décision d'intégrer le breaking aux JO de Paris 2024 a surpris beaucoup de monde, notamment au sein de la communauté des danseurs. Cette discipline autodidacte, née d'une culture mêlant graffiti, rap, DJing et danse, a longtemps évolué en marge des structures sportives traditionnelles. Pourtant, son dynamisme, son aspect spectaculaire et sa popularité croissante sur les réseaux sociaux ont convaincu le Comité international olympique (CIO) de l'intégrer, avec pour objectif de toucher une nouvelle génération de fans.

Tony Estanguet, le patron de Paris 2024, a souvent souligné que le breaking était parfait pour « casser les codes » du programme olympique traditionnel. Le président du CIO, Thomas Bach, a été particulièrement séduit par l'énergie dégagée lors des Jeux olympiques de la jeunesse de Buenos Aires en 2018, où le breaking avait déjà fait sensation. Pourtant, à l'époque, cette discipline n'était même pas reconnue comme un sport de haut niveau.

Une culture à défendre

Pour les pionniers du breaking, cette entrée aux JO est à la fois une reconnaissance et un défi. « On est venu nous chercher », explique Mounir Biba, multiple champion du monde de breaking et figure emblématique de la discipline. « On existe depuis quarante-cinq ans, on s'est faits tout seuls, sans projet fédéral. On est très heureux, mais on a une histoire à défendre, des codes et des valeurs. »

L'intégration du breaking dans le cadre olympique n'a pas été sans heurts. Il a fallu créer une équipe de France, définir des critères de jugement, organiser des compétitions nationales, et tout cela en un temps record. Abdel Mustapha, entraîneur-coordinateur des Bleus à la Fédération française de danse (FFDanse), souligne le double enjeu de ce projet : structurer la discipline tout en permettant aux meilleurs danseurs de briller aux JO.

Un choc des cultures

L'entrée du breaking dans le cadre olympique a inévitablement provoqué des tensions et des incompréhensions. Pourtant, les grandes stars de la discipline ont fini par accepter ce nouveau défi. « Les critères de jugement des JO demandent qu'on soit complets dans notre danse », explique Carlota Dudek, l'une des têtes d'affiche de l'équipe de France. « La préparation physique est indispensable. Techniquement, j'ai beaucoup évolué. Mais ton personnage, ton style comptent aussi : qu'est-ce que tu exprimes quand tu danses ? »

L'ouverture d'un pôle France dédié au breaking à l'INSEP en septembre 2022 illustre bien ce changement. Les breakeurs, autrefois relégués aux marges de la société, ont désormais accès à un suivi médical, à des infrastructures de pointe et à un accompagnement socio-professionnel.

Les espoirs français

Parmi les Français qualifiés pour ces premiers JO de breaking, on retrouve des danseurs d'horizons divers, mais tous animés par une même passion. Danis Civil (alias Dany Dann) et Gaëtan Alin (alias Lagaet), deux vétérans de la discipline, ont déjà remporté des titres mondiaux avant de se lancer dans l'aventure olympique. Sya Dembélé (alias Syssy), à seulement 16 ans, a déjà brillé sur les scènes internationales, tandis que Carlota Dudek (alias Carlota), 22 ans, incarne la nouvelle génération de b-girls prêtes à marquer les esprits.

« J'ai envie de montrer qu'on peut rêver de devenir membre de l'équipe de France de break, comme beaucoup rêvent d'être en équipe de France de football », déclare Dany Dann, récemment couronné champion d'Europe. Pour ces athlètes, les JO sont l'occasion de partager leur art avec un public mondial tout en restant fidèles à leurs racines culturelles.

Un spectacle unique en son genre

Ce vendredi 9 août pour les femmes, et samedi 10 août pour les hommes, la place de la Concorde vibrera au rythme des battles de breaking. Les 16 b-boys et 17 b-girls sélectionnés pour cette compétition sont prêts à enflammer l'arène de 5 500 places, sous les yeux d'un public passionné et curieux. Qu'il s'agisse d'une première étape vers une reconnaissance durable ou d'une apparition éphémère dans le monde olympique, une chose est sûre : le breaking marquera ces Jeux de Paris 2024 de son empreinte indélébile.

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