Margaux Pinot en or, une journée avec trois médailles pour la France

Margaux Pinot en or, une journée avec trois médailles pour la France

Nico Par Nico

Publié le

Trois nouvelles médailles se sont ajoutées pour la délégation tricolore ce mercredi à Abou Dabi lors du championnat du monde de judo. Margaux Pinot obtient l'or en disposant en finale de Marie-Ève Gahié. Madeleine Malonga est en bronze.

🥇OR,🥈ARGENT,🥉BRONZE

🤳 3 nouvelles médaillées (dont notre nouvelle championne du monde 🥰)#JudoWorlds #GoLesBleus #FierdEtreJudoka pic.twitter.com/ZjwYgYygKs

— France Judo (@francejudo) May 22, 2024

Margaux Pinot au sommet

Incrédule, Margaux Pinot met ses mains devant la bouche. Le rêve d'une vie se réalise à l'instant, sur ce superbe contre (o-soto-gaeshi) après vingt secondes de golden score en finale des -70 kg, face à Marie-Ève Gahié. Il s'agit de la première finale franco-française planétaire de l'histoire. Après le salut réglementaire et une accolade pleine de respect, la jeune femme de 30 ans file embrasser Alpha Djalo, qui est descendu des tribunes d'où il n'a cessé d'encourager sa compagne. « Je lui ai toujours dit, quand c'est difficile, de ne pas baisser les bras et de continuer à travailler, peu importe ce que disent les gens. Cette médaille, elle ne la doit qu'à elle », souligne Djalo, non classé mardi en -81 kg. « Toute la journée, il m'a soutenue avec Alexis, ça fait du bien », remercie Pinot, le visage irradié de bonheur.

Soutien et Tactique Gagnante

Alexis Mathieu, son partenaire au PSG, a su dépasser sa déception de terminer non classé mercredi en -90 kg pour venir lui glisser quelques conseils avant sa finale. Après avoir partagé la même salle d'échauffement avec Marie-Ève Gahié, également licenciée au PSG, Margaux Pinot s'est éclipsée pour se rendre dans celle de l'étage inférieur, accompagnée du duo d'inséparables copains Djalo-Mathieu. Manière de discuter tactique puisque, comme le veut la tradition en cas de combat entre Françaises, les coaches les laissent se débrouiller. « On a analysé ce qu'on pouvait faire pour contrer cette action de Marie-Ève. On l'a aidée, mais à la fin, c'est Margaux qui fait le taf ! », salue Alexis Mathieu. D'autant plus ravi pour sa partenaire de club que, comme elle, il ne disputera pas les JO à Paris. Le sésame des -70 kg est revenu à Marie-Ève Gahié.

MARGAUX C’EST LA FINAAAAAALE 🔥🤯

En 1️⃣7️⃣ secondes Margaux place un ippon et se qualifie pour sa première finale mondiale ! ⚡️🇫🇷

🎥 IJF#JudoWorlds #GoLesBleus #FierdEtreJudoka pic.twitter.com/iLLBWjXX3F

— France Judo (@francejudo) May 22, 2024

Une Victoire Douloureuse et Symbolique

D'où un plaisir décuplé mercredi de dompter la championne du monde 2019 : « Je savoure d'autant plus, je savais que ça allait être un combat très difficile. On se connaît par cœur. C'était un combat âpre sur les mains. On a senti qu'il y avait de la violence. Toutes les deux, on voulait le titre. » Margaux Pinot peut-être davantage : « Bien sûr que ça compense ma non-sélection. C'est un rêve de gosse. J'ai fait six combats, c'est une grosse journée. Je suis championne du monde, on ne pourra pas me le retirer. C'est magnifique », lâche la nouvelle reine du monde, les larmes aux yeux. En 2021, privée de JO, Gahié n'avait pas eu la force de les regarder.

Une Revanche Personnelle

À Tokyo, Margaux Pinot avait été éjectée dès son premier combat par la solide grecque Elisavet Teltsidou. Clin d'œil du destin, leurs routes se sont recroisées mercredi en demi-finales. La Française n'a pas laissé passer l'occasion de prendre sa revanche en envoyant un ippon ko-uchi-gari autoritaire à 17 secondes du gong. « Je me dis que si elle m'avait battue à l'époque (aux JO), c'est parce qu'elle avait du talent. Mais quand je suis dans cet état, je pense que je suis presque imbattable », savoure la native de Besançon. Après une entame poussive, ce diesel avait trouvé la bonne carburation, totalement lancée par son succès en quarts contre la Japonaise Shiho Tanaka, aux pénalités dans le golden score. Bien dans son style, tout en sens du timing et de la distance, un judo servi par une force mentale hors norme. « Parfois, il y a ce petit manque de confiance qui vient un peu casser ma progression. Mais le mental reste ma force pour me sortir des moments difficiles », appuie-t-elle. « Aujourd'hui, je suis heureuse. C'est une revanche sur les JO, une revanche sur ma vie. »

Un Chemin Épineux Vers Le Sommet

Une vie qui n'a pas été toujours facile. En particulier au sortir des JO de Tokyo, quand son nom a défrayé la chronique : soupçons de violences conjugales envers son compagnon d'alors et ex-entraîneur, Alain Schmitt, qui a été relaxé. « Ce titre, c'est presque un miracle, il y a trois ans j'étais au plus bas. Il a fallu que je me remobilise suite à des petits problèmes personnels. J'ai changé deux ou trois fois de club. Au PSG, j'ai senti à nouveau une ambiance de travail très carrée où je pouvais progresser. » C'est là aussi qu'elle a appris à refaire confiance à un homme, dans son intimité. En la personne d'Alpha Djalo (27 ans). « Le temps a fait son œuvre mais j'ai mis du temps à me dévoiler, il a ramé un peu », sourit-elle. « Il m'apporte de la stabilité. C'est aussi un vrai moteur. On se ressemble beaucoup : on est très perfectionnistes. Il met les gens à l'aise, est très solaire, je suis plus réservée. C'est un beau cadeau. »

🇫🇷 champ🏆onne du monde 🇫🇷

📸 France Judo/T.Albisetti#JudoWorlds #GoLesBleus #FierdEtreJudoka pic.twitter.com/FiiCdqTwo4

— France Judo (@francejudo) May 22, 2024

L'Impact de la Victoire

L'or de sa belle autour du cou, Djalo confiait : « Je n'ai pas toujours eu une vie facile. Je dis souvent à Margaux que la vie nous met souvent à terre mais il faut savoir se relever. Elle est récompensée de la plus belle des manières. Elle est plutôt en fin de carrière, on ne peut pas rêver mieux, c'est une forme d'aboutissement. » Sa chérie consacrée, il peut se concentrer sur son défi XXL : ses premiers JO cet été, lui qui n'avait pas réussi à qualifier la catégorie en 2021. « Son titre va me faire du bien. » Au point de rêver d'une médaille le 30 juillet à Paris ? « L'histoire serait belle », glisse-t-il dans un sourire.

Malonga en Bronze

Dans la catégorie des -78 kg, Madeleine Malonga, qui avait d'abord échoué en demi-finales face à l'Italienne Alice Bellandi, a remporté le match pour la troisième place face à Jeongyun Lee alors qu'elle était menée au score. La Coréenne a été disqualifiée pour trois avertissements. À 30 ans, la vice-championne du monde 2021 va maintenant se préparer à disputer les Jeux Olympiques à Paris, où les épreuves de judo auront lieu du 27 juillet au 4 août.

MADELEINE EN BROOOOONZE ! 🥉

Victorieuse de son combat pour la place de 3, Madeleine Malonga (-78kg) remporte une belle médaille de bronze. 💪✨

Bravo Madoooo ! 👏#JudoWorlds #GoLesBleus #FierdEtreJudoka pic.twitter.com/mgFlghbBQR

— France Judo (@francejudo) May 22, 2024

Tcheuméo Battue dans la Confusion

Audrey Tcheuméo, qui n'a pas été retenue pour les JO au profit de Malonga, repart sans avoir pu décrocher de médaille. Alors qu'elle visait un deuxième titre mondial à 34 ans, treize ans après celui obtenu en 2011, pour digérer sa déception, elle a été battue dans l'autre combat pour le bronze par la Britannique Emma Reid dans la plus grande confusion. Tcheuméo avait immobilisé son adversaire au sol durant neuf secondes, une de moins que ce qu'il lui fallait pour s'imposer. Derrière, Reid a profité de la situation pour retourner Tcheuméo et lui infliger un waza-ari. Après un temps de réflexion, l'arbitre a accordé la victoire à la Britannique.

Audrey termine 5️⃣ème !

Notre Française s'est inclinée sur immobilisation lors de son combat pour la place de 3 et finit ces championnats du monde à la cinquième place ! 😢

Bravo pour ta journée Audrey 👏

📸 France Judo/T.Albisetti#JudoWorlds #GoLesBleus #FierdEtreJudoka pic.twitter.com/sruKlvhtKK

— France Judo (@francejudo) May 22, 2024

La victoire de Margaux Pinot en finale des -70 kg est une histoire de persévérance et de résilience. Après des épreuves personnelles et professionnelles, elle a su se remobiliser et atteindre le sommet de sa discipline. Son triomphe est une source d'inspiration pour tous ceux qui luttent contre l'adversité. En parallèle, les performances des autres judokas français montrent la profondeur et le talent de l'équipe, prête à briller lors des prochains Jeux Olympiques à Paris.

MERCI À VOUS 🫶#JudoWorlds #GoLesBleus #FierdEtreJudoka pic.twitter.com/j2wPKnos3N

— France Judo (@francejudo) May 22, 2024

Actualités en rapport